Dans de nombreux pays, ce ne sont pas les milices, mais les fonctionnaires du gouvernement, qui détournent l'argent de l'aide humanitaire. Il est également bien pratique de passer sous silence le fait qu'une large part des fonds levés est utilisée pour couvrir les frais administratifs et logistiques des organisations humanitaires. En outre, une partie importante des dons ne quitte jamais le pays donateur, y restant sous forme de salaires versés aux experts originaires de ce pays, ou de fonds pour les projets de développement achetés dans ce même pays donateur.

En dépit de ces inefficacités et de ces échecs flagrants, le secteur de l'humanitaire est toujours aussi actif ; en fait, il vole même de succès en succès. Les chiffres montrent que les organisations humanitaires et autres ONG prolifèrent depuis la fin de la guerre froide – au Kenya par exemple, on recense plus de 6 000 ONG locales et internationales, contribuant pour plus de 1 milliard de dollars à l'économie kényane. D'après moi, il existe un lien étroit entre le nombre d'agences humanitaires dans un pays, d'une part, et son niveau de pauvreté d'autre part – plus il y a de donateurs et d'agences humanitaires, moins le pays est susceptible de réduire sensiblement le niveau de pauvreté.

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