Lorsque je l’ai vu lui et ses frères chiot chez Muji, Je suis tombé sous son charme. Tu es simple, mignon, élégant. Lorsque je te regarde je m’imagine une expression, un regard. Tu es une poupée de chiffon et à ce titre malléable, je t’assois, je te couche, je te mets debout. Tu es la version idéalisée pas chère du chien parfait, tu n’existe pas. Hier je t’ai serré contre-moi très fort, tu es mon doudou.

Il est vrai que tu manques un peu d’interaction, tu ne me demande jamais de sortir, tu n’a jamais faim, je ne ramasse jamais tes crottes. Tu ne t’ébourreras jamais après une pluie, jamais tu ne me lécheras la figure goulument après avoir fait ton toilettage intime. Tu ne courrera pas joyeusement à ma rencontre non plus, tu ne me sauteras pas au cou avec tes pattes pleines de boue.

J’ai toujours eu de nombreux animaux dans mon enfance, aujourd’hui je n’en ai aucun. J’ai toujours une bonne raison qui me dissuade d’en adopter un. Un animal, en particulier un chien, c’est beaucoup de responsabilités, de contraintes, surtout lorsque l’on ne dispose pas d’un jardin. Savoir qu’un être m’attend, pense à moi, m’aime d’un amour inconditionnel pourrais peut-être m’aider à me sentir mieux dans ma peau. Mais le clicher du vieux con et son chien ou de la tata à son chienchien m’effraie. Le renard du petit prince dit « on ne voit bien qu'avec le cœur ; l'essentiel est invisible pour les yeux ».

En attendant des jours meilleurs je cible mon affect sur ma poupée de chiffon